dimanche 27 novembre 2011

Jean-Pierre Chevènement déclare avoir de l'estime pour Nicolas Dupont-Aignan



2012 : la question de l'internaute à Jean-Pierre Chevènement

PRESIDENTIELLE. Chaque vendredi, nous publions la réponse d'un(e) candidat(e) à la question posée par un internaute.

Propos recueillis par Éric Hacquemand | Publié le 25.11.2011, 10h34
Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement républicain et citoyen (MRC).

Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement républicain et citoyen (MRC). | (PHOTOPQR/« L’ALSACE  »/J.-F. FREY.)

« Qui est pour vous le souverainiste le plus compatible avec vos idée? Est-ce que vous participez à un de souveraineté nationale avec lui? » ROLL, INTERNAUTE

La réponse de Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement républicain et citoyen (MRC). « D’abord je ne me définis pas comme souverainiste mais comme républicain.
Néanmoins, le général de Gaulle lui-même disait que la souveraineté nationale et la sont les deux faces d’une même médaille. Je considère que Nicolas Dupont-Aignan est un républicain, reconnaissant comme moi vis-à-vis du général de Gaulle d’avoir tiré la d’un très mauvais pas. Dupont-Aignan a toute mon estime même si nos parcours sont différents. La défense de notre souveraineté budgétaire mise à mal par l’intrusion programmée de la Commission européenne pourrait nous réunir. Mais sur d’autres sujets, j’ai des convergences avec Jean-Luc Mélenchon et même François Hollande : nous venons d’une même souche socialiste et sur les questions fiscales notamment, nous pouvons avoir des plages communes. Je ne reviendrai dans un gouvernement que si c’était une affaire de salut public et en aucun cas dans un gouvernement de croisière. Dans ce cadre-là, cela ne me dérangerait pas d’avoir comme collègue ministre Nicolas Dupont-Aignan. »

vendredi 25 novembre 2011

Réponse à la tribune de Mme Benbassa, sénatrice Europe Ecologie-Les Verts du Val-de-Marne, et de Noël Mamère

Mme Benbassa,

En tant que Val-de-Marnais, je tiens à vous faire part de ma grande déception en lisant aujourd'hui votre tribune"Instaurons le droit de vote des immigrés!" publiée dans le quotidien Le Monde. Vous y défendez le projet de loi instaurant un droit de vote aux élections locales pour les résidents étrangers non ressortissants d'un pays de l'UE. (Quelles élections locales? Votre tribune n'est d'ailleurs pas très précise sur le périmètre de ce projet de loi…)

Cette prise de position est parfaitement défendable. J'entends vos arguments, et je respecte vos opinions, même si je ne les partage pas. Je ne tiens pas ici à débattre de cette proposition de loi, mais plutôt de certains passages de votre texte qui m'ont déplus.

Je suis détenteur d'une double nationalité, et, n'en déplaise à Mme Le Pen et M. Mariani, je me sens pleinement français. Mon père, étranger ressortissant d'un pays de l'UE, vivant en France depuis plus de 20 ans, peut en effet depuis 2001 voter aux élections municipales. Et je trouve cela profondément anormal. Pour faire vite, car ce n'est pas le sujet, je pense que le droit de vote, quelque soit l'élection, est un droit exclusif du citoyen, et n'est citoyen français que celui qui a la nationalité française.

Nous ne sommes donc pas d'accord sur ce sujet, soit. Chacun bénéficie de sa liberté d'opinion, non?

Pourtant dans votre article, après un passage sur la droite qui s'oppose à ce droit de vote, vous affirmez: "Et pourtant, (…) nos droites se trompent en imaginant nos concitoyens plus xénophobes qu'ils ne sont." Ainsi, ce ne serait que par xénophobie que certains français s'opposent au droit de vote des étrangers? Moi, dont la moitié de la famille est étrangère, je serais xénophobe?

Vous poursuivez: "L'octroi de ce droit (…) est sacrifié par la droite sur l'autel d'un nationalisme d'un autre temps." Me voilà donc nationaliste et ringard!

Vous poursuivez: "C'est en vain, nous l'espérons, que nos droites chauvines tentent de relancer leurs vieilles rengaines au parfum de terroir (…)" Curieuse idée que d'associer les notions de xénophobie, de nationalisme et le "parfum de terroir"? Les deux premières m'inspirent le dégoût, mais le "parfum de terroir", moi cela m'évoque personnellement des souvenirs d'enfance, les visites dans les fermes, la cueillette aux champignons, la cuisine traditionnelle avec des produits de saison… Je ne vois décidément pas le rapport. Aimer sa région, son département, son "terroir", c'est être xénophobe, madame la sénatrice?

Vous concluez: "Il serait choquant que ce projet ne réunisse pas, au-delà de la gauche et du centre, une bonne partie des suffrages de la droite républicaine." Ainsi il serait "choquant" que des députés osent ne pas être d'accord avec vous?

Voilà ce qui m'a blessé madame. Vos idées et votre combat pour défendre cette cause en laquelle vous croyez sont, je le répète, parfaitement estimables. Mais "être choqué" par des gens qui ont le malheur de pas penser comme vous, mépriser ces gens, les dénigrer en les traitant de xénophobes et de nationalistes, cela ne grandit ni vous-même, ni la cause que vous défendez. Nier l'existence de xénophobie dans notre pays est ridicule, qualifier toute opinion divergente de xénophobe est dangereux.

Je vous souhaite sincèrement, madame, de pouvoir un jour ne serait-ce qu'entrevoir l'hypothèse qu'il existe, peut-être, des hommes et des femmes dignes de respect qui ne partagent pas vos opinions.

Veuillez agréer, Madame Benbassa, l'expression de mes sentiments distingués.

Patrick Chambers

jeudi 24 novembre 2011

Que signifierait l’abandon de l’euro ?


Par Gérard Lafay, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas Paris I

Nos compatriotes s’inquiètent de la crise répétitive de l’euro, dont ils ne comprennent pas la cause. Les gouvernants des pays de la zone, jugeant démagogique son abandon, imposent une accentuation de la rigueur. Qu’en est-il réellement ?
L’abandon éventuel de l’euro se traduirait d’abord par le rétablissement des monnaies nationales. En France, par exemple, il faudrait ainsi créer un franc nouveau, non pas en revenant à celui qui existait avant 2002, mais en échangeant un euro existant contre une unité de cette nouvelle monnaie. Tous les prix resteraient inchangés à la date de cette conversion. Pour les billets, il suffirait d’une courte période de transition. Pour les pièces, l’échange pourrait se faire très vite puisque celles-ci comportent déjà une face nationale. Une opération de ce type est plus facile que celle qui avait été effectuée, dans l’autre sens, pour passer à l’euro en 2002, où il fallait alors opérer une division par 6,55957. 
On doit reconnaître que l’abandon de l’euro aurait un inconvénient : celui de compliquer quelque peu les formalités des touristes. Cependant, à l’intérieur de notre pays, les changements seraient purement formels. Pourquoi dès lors un tel abandon ? Pour rétablir la compétitivité, qui signifie que les coûts salariaux ne sont pas trop élevés par rapport à ceux qui existent à l’étranger. La compétitivité d’une économie nationale assure alors son équilibre extérieur tout en autorisant une croissance suffisante de sa production.
Deux raisons expliquent ainsi la crise de l’euro. D’une part, à l’intérieur de la zone, les taux d’inflation ont fortement divergé depuis sa création D’autre part, depuis que Jean-Claude Trichet a succédé à Win Duisenberg à la tête de la BCE en 2003, la surévaluation a fait de l’euro la monnaie la plus chère du monde.
La perte de compétitivité se traduit par la délocalisation des activités industrielles et la faiblesse du rythme de croissance. Elle est également la cause principale de l’endettement. Dans la confusion des esprits, on ne parle pas de la dette extérieure, en n’incriminant que le déficit budgétaire. Certes, il est nécessaire de réduire celui-ci, mais sa résorption ne permettrait en aucune façon de retrouver la compétitivité, dont le rétablissement ne peut résulter que d’une dévaluation de la monnaie. Tant à l’intérieur de la zone que vis-à-vis de l’extérieur, celle-ci  implique fatalement l’abandon de l’euro.
L’expérience prouve qu’une dévaluation réussie n’est pas synonyme de laxisme, car elle implique au contraire une politique rigoureuse. En assurant le retour de la compétitivité, elle seule permet de redresser une économie. Pour la refuser, nos gouvernants mettent en avant deux arguments : celle-ci engendrerait à la fois un dérapage de l’inflation intérieure et une augmentation de l’endettement extérieur. Est-ce vrai ?
Il est de fait que toute dévaluation nominale se traduit, automatiquement, par un renchérissement des produits importés. Néanmoins, dans le cas de la France, la dévaluation n’affecterait pas les prix des produits en provenance des autres pays de la zone euro, car la valeur relative du franc resterait grosso modo inchangée dans cette zone : la dévaluation vis-à-vis du mark allemand serait compensée par une réévaluation par rapport aux monnaies du sud de l’Europe.  
Il est vrai que, vis-à-vis du reste du monde, la dévaluation entraînerait une hausse des prix des importations. Mais comme de telles importations, hors zone euro,  ne représentent que 12 % du PIB, le surcroit d’inflation intérieure ne serait que de de l’ordre de 3 % pour une dévaluation de 20%.  Un tel résultat, qui implique de supporter un appauvrissement réel, n’est pas négligeable. Mais on voit également qu’il ne porte que sur une seule année. Dès les années suivantes, il serait plus que compensé par le retour de la croissance économique.
La valeur des dettes extérieures françaises, consenties en euros, augmenterait-elle avec la dévaluation du franc ? Ce serait vrai si la France quittait unilatéralement l’euro. En fait, l’amplification de la crise va rendre inéluctable sa disparition, qu’on le veuille ou non. Or celle-ci va, ipso facto, faire disparaître le libellé actuel des dettes. En outre, pour le futur, tout nouvel endettement de l’État devra être consenti auprès de la Banque de France, comme c’était le cas avant 1973, et non plus auprès des banques.
Les arguments des défenseurs de l’euro ne sont donc pas pertinents. L’abandon de l’euro, en permettant la nécessaire dévaluation, est la condition sine qua non de la compétitivité des nations européennes. Là se trouve le seul moyen de réduire le chômage et d’assurer le redressement de l’économie, permettant en même temps de restaurer valablement l’équilibre budgétaire.

Paru dans Le Figaro le 21 novembre 2011

mercredi 16 novembre 2011

Qui sera le Papadémos français?

 Panagiotis Grigoriou - Tribune | Mardi 15 Novembre 2011

Après la tempête politique, le crachin et la neige s'abattent sur la Grèce. Selon Panagiotis Grigoriou, anthropologue sur place, les réactions du PS français, qui s'inquiète de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en Grèce, témoignent de son incompréhension de la situation grecque : l'arrivée d'un parti d'extrême droite au pouvoir est moins grave que la déréliction de la démocratie impliquée par l'arrivée au pouvoir de Papadémos.


Ce dimanche, nous avons vécu la deuxième vraie offensive de l'hiver sur Athènes et sur la Grèce, après celle de Papadémos, évidemment. Il tombe du crachin par un vent du nord très froid et la neige apparaît sur nos montagnes, une autre vraie misère. Nos bateaux et autres ferries, c'est à dire ceux de nos armateurs, sont restés amarrés au Pirée, navigation interdite jusqu'à ce soir minuit, au moins. Alors c'est la tempête, vent à 50 nœuds, la mer Égée se déchaine depuis hier. Comme la plupart des îles, Lesbos, Santorin ainsi que Mykonos, se trouvent coupées du continent, encore une fois, les insulaires ne peuvent qu'attendre. Sale temps vraiment, par les banquiers qui courent.

Yannis, un ami habitant l'ile de Chios, a téléphoné ce matin : « Tiens mon vieux, nous sommes heureux aujourd'hui ici sur l'archipel, les gens observent la tempête durant des heures, elle est forte, les pécheurs s'affolent pour leurs petites embarcations, enfin, c'est ainsi que nous avons presque oublié Papadémos et ces autres minables de l'extrême droite au gouvernement, et Samaras [chef du parti Nouvelle Démocratie, la droite] qui déclare à la presse, ayant des ministres au gouvernement qu'il ne co-gouverne pas, seulement il fait de la gestion transitoire, mais pour qui nous prennent-ils ces gens ? »

Nos radios et nos journaux ont également commenté ces autres vagues, soulevées cette fois par les récentes intempéries politiques. Il était question notamment des réactions du P.S. en France, lorsque ce dernier se déclare si inquiet par « l'entrée de l'extrême droite (LAOS) dans le gouvernement grec [ce qui] est pour les socialistes un choc. Nicolas Sarkozy a félicité le gouvernement Papadémos, les socialistes Français s'y refusent. Monsieur Karatzaféris, leader du LAOS, ancien responsable d'un mouvement de jeunesse soutenant les colonels grecs qui installèrent la dictature dans ce pays ne peut en rien aider le peuple grec à sortir de la crise. Voilà où mène l'Europe quand elle tourne le dos aux peuples, en imposant des austérités brutales et aveugles sans donner la possibilité et le temps pour le redressement et en s'immisçant dans le fonctionnement démocratique des États-membres. A la crise économique et sociale s'ajoute une crise politique et démocratique » (www.parti-socialiste.fr).

Une dictature bien plus sournoise que celle des colonels

Mais vu d'Athènes, on sait désormais que radio Paris – P.S. ment. Sur toute sa ligne Maginot idéologique. D'où les commentaires très amers d'une partie de notre presse, dans nos bistros et parfois entre nous. Un mauvais pressentiment alors nous assaille, à craindre que la France se trouve peut-être dans la même orchestration pré-electorale que nous, en 2009.

À l'époque, la propagande médiatique a tout fait pour que Papandréou se fasse élire, et il l'a été, avec dix points d'avance sur la droite. Le plan fut ainsi bien ficelé, le FMI et la gouvernance mondiale des banques s'apprêtèrent à lancer l'expérimentation de la meta-démocratie, commençant par notre pays, durant la période transitoire du petit Georges.

Ce plan préparait en réalité une dictature bien plus sournoise que celle des colonels. Après tout, jamais un gouvernement grec, y compris sous les colonels, n'a osé signer une telle convention de prêt international avec les « marchés » c'est à dire les banquiers... Préparé de surcroit, par un obscur cabinet privé d'avocats d'affaires, anglais nous semble-t-il, relevant du droit britannique.

Selon ses termes exacts, la Grèce abandonne officiellement et définitivement sa souveraineté vis à vis des ses créanciers. Cela veut tout simplement dire, que le pays, ne peut plus faire usage du droit international et ainsi plaider auprès des instances, telles l'ONU, au cas où on arrive à prouver que la dette est illégitime, même partiellement, ou encore non viable, voire dangereuse, mettant en péril la survie des citoyens.

Par cette même convention, tout bien appartenant à l'État grec, et si « on » veut par extension, tout bien privé, peut être saisi par les créanciers ou par les acheteurs potentiels de la dette. D'ailleurs, on prépare fébrilement à la Kommandatur de Bruxelles, un organisme issue de la xénocratie bancaire, se partageant et bradant ainsi par lots, les richesses et les biens du pays, hypothéquant par la même occasion la vie des générations futures.

Cette convention, dont le Mémorandum n'est que la partie annexe, n'a jamais été présentée au Parlement, ni soumise au vote des députés, et encore moins, devant l'abrogation des citoyens, par referendum, par exemple. Lorsque Papandréou nous a fait sa mauvaise blague du referendum ; la question potentielle serait alors celle du Mémorandum et non pas, la Convention du prêt entre la Grèce et la Troïka, c'est à dire les banquiers. Et comme on le sait maintenant, y compris cette question (sur le nouveau Mémorandum du 27 octobre), fut interdite par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Les deux dirigeants, ont alors dicté une autre question, « pour ou contre le maintien de la Grèce dans la zone Euro », et c'est ainsi que le poisson fut définitivement noyé, avec les pécheurs de la mer Égée, par la même occasion.

Les pouvoirs opaques de la Trilatérale


Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont également insisté sur « l'obligation incontournable » du gouvernement Papadémos : adopter sans aucune discussion le nouveau Mémorandum et vite. Ils ont même laissé entendre que c'est seulement après que le choix de la date des élections législatives peut être discuté. D'où essentiellement, le coté obscur de la nomination putschiste de Lucas Papadémos aux commandes. Mais hélas ce n'est pas tout.

Le journal Elefterotypia (12 novembre) rappelle à ce propos que Papadémos, tout comme Mario Monti le « sauveur » présumé et coopté chez nos sympathiques voisins, se trouvent parmi les membres éminents de la Commission trilatérale, une organisation créé en juillet 1973, à l’initiative de M. David Rockefeller, figure de proue du capitalisme américain.

Comme l'a déjà remarqué Olivier Boiral en novembre 2003 dans un article publié au Monde Diplomatique (« Trente ans d’une institution secrète Pouvoirs opaques de la Trilatérale ») : « la création de cette organisation opaque, où se côtoient à huis clos et à l’abri de toute compromission médiatique des dirigeants de multinationales, des banquiers, des hommes politiques, des experts de la politique internationale, ou encore des universitaires, coïncide à ce moment avec une période d’incertitude et de turbulence dans la politique mondiale. La gouvernance de l’économie internationale semble échapper aux élites des pays riches, les forces de gauche paraissent de plus en plus actives, en particulier en Europe, et l’interconnexion croissante des enjeux économiques appelle une coopération plus étroite entre les grandes puissances. La Trilatérale va rapidement s’imposer comme un des principaux instruments de cette concertation, soucieuse à la fois de protéger les intérêts des multinationales et d’«éclairer» par ses analyses les décisions des dirigeants politiques (…).
L’élite rassemblée au sein de cette institution fort peu démocratique et que la démocratie inquiète dès lors que des groupes autrefois silencieux s’en mêlent va s’employer à définir les critères d’une «bonne gouvernance» internationale. Elle véhicule un idéal platonicien d’ordre et de supervision, assuré par une classe privilégiée de technocrates qui place son expertise et son expérience au-dessus des revendications profanes des simples citoyens (…) Ces interventions s’articulent autour de quelques idées fondatrices qui ont été largement relayées par le politique. La première est la nécessité d’un
« nouvel ordre international ». Le cadre national serait trop étroit pour traiter des grands enjeux mondiaux dont la « complexité » et l’« interdépendance » sont sans cesse réaffirmées. Une telle analyse justifie et légitime les activités de la Commission, à la fois observatoire privilégié et contre-maître de cette nouvelle architecture internationale. La seconde idée fondatrice, qui découle de la première, est le rôle tutélaire des pays de la triade, en particulier des États-Unis, dans la réforme du système international. Les pays riches sont invités à s’exprimer d’une seule voix et à unir leurs efforts dans une mission destinée à promouvoir la « stabilité » de la planète grâce à la généralisation du modèle économique dominant (...).
L’hégémonie des démocraties libérales conforte la foi dans les vertus de la mondialisation et de la libéralisation des économies qui s’exprime dans le discours de la trilatérale. La mondialisation financière et le développement des échanges internationaux seraient au service du progrès et de l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre. Or elles supposent la remise en cause des souverainetés nationales et la suppression des mesures protectionnistes. Ce credo néolibéral est souvent au centre des débats. (...) Loin d’être un
« vieux serpent de mer » qui referait surface au ravissement de quelques adeptes d’ésotérisme et de « théorie du complot », la Commission trilatérale est une institution bien établie, dont la discrétion facilite la collusion entre responsables politiques et grandes entreprises. Ainsi se dessine la trame d’un pouvoir diffus, opaque, presque insaisissable, qui tisse ses liens à travers des clubs fermés et des rencontres internationales dont le forum de Davos représente l’expression la plus ostentatoire. Dans ces lieux de rencontres, d’échanges, de tractations gravitent les mêmes protagonistes, s’élaborent les analyses et les compromis qui précèdent souvent les grandes décisions. La Commission trilatérale est une des pièces de cet échiquier polymorphe. Elle consolide l’alliance entre le pouvoir des multinationales, de la finance et de la politique, grâce à un réseau d’influences dont les ramifications s’étendent aux principaux secteurs de la société ».

François Hollande sur le chemin de George Papandréou

En 2011 donc, les membres de la Tripartite prennent ouvertement les commandes en Europe, avec Papademos et Monti. En Grèce, et peut-être bien en Italie, on arrive cependant à mieux cerner la duperie. En France, pas encore. Le P.S. et François Hollande prononcent haut et fort exactement les mêmes jolies paroles que Papandréou en 2009, sur les méfaits des exagérations du capitalisme spéculateur, alors qu'en réalité, ils lui sont depuis longtemps les serviteurs. Voila ce que nous nous disons ici à Athènes, y compris dans certains de nos médias, tant que la liberté d'expression reste encore possible.

Ah oui, notre extrême droite de Karatzaféris, leader du LAOS et de ses ministres au cabinet Papadémos, est à ce titre une double parodie politique car, non seulement elle remâche sans cesse les stéréotypes les plus simplistes et idiots du nationalisme, mais ce qui est plus grave encore, participant à la gouvernance des banquiers, elle abandonne par la force des actes, toute idée de souveraineté nationale, idée néanmoins habituelle de l'armature idéologique de l'extrême droite. Une fausse extrême droite alors ?

En tout cas, les socialistes en France feraient mieux de se montrer choqués par eux mêmes d'abord, bien malheureusement pour tout le peuple français et accessoirement pour sa gauche, avec ou sans guillemets. J'ose même jouer les Cassandre, prédisant une variante du scenario grec, italien ou portugais, en France, après les élections de 2012, si François Hollande est élu, évidemment.

On expliquera alors aux citoyens, que la dette du pays est hélas implacable, obligeant à des mesures beaucoup plus radicales que celles de Nicolas Sarkozy, le temps que l'économie reprenne le chemin de la croissance et que finalement il n'y a pas d'autre choix que les plans d'austérité jusqu'en 2058. Puis un « sauveur » banquier ou « technocrate », prendra les mauvaises commandes des mains du P.S., et sans transition, comme ont dit. À moins, qu'une figure politique, membre également de la Commission trilatérale soit propulsée au pouvoir. Elisabeth Guigou, par exemple (voir la Trilateral Commission Membership List, disponible sur le site de l'organisation ).

Et pour bientôt, la houle de la gouvernance mondiale des banquiers, suivant le mouvement ondulatoire de la surface des dettes? Pour paraphraser le grand écrivain enterré dans l'Indre, être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des électeurs,  on se demande pourtant si c'est bien vrai ...

Marianne 15 novembre 2011

lundi 14 novembre 2011

Comment l'Euro a transformé l'Espagne et l'Italie en pays du tiers-monde


Alors que les pays européens en difficulté de la zone euro présentent des niveaux d'endettement ou de déficits similaires à ceux du Japon ou de la Grande-Bretagne, pourquoi sont-ils attaqués par les marchés ? Paul Krugman l'un des éditorialistes vedette du New York Times se posait la question en juin dernier. Depuis, il a trouvé la réponse.

 
En adoptant l'Euro, l'Espagne a abdiqué tout pouvoir en matière de politique budgétaire.
En adoptant l'Euro, l'Espagne a abdiqué tout pouvoir en matière de politique budgétaire. Crédit Reuters
En juillet dernier, l'économiste Paul Krugman s'interrogeait sur son blog sur qui pouvait sembler au premier abord un non-sens économique : pourquoi les taux d'intérêt des dettes italienne et japonaise divergent-t-ils autant, alors même que les deux pays ont un endettement et une démographie comparables ? Le déficit public est même moins important en Italie, notait Krugman. Et pourtant les obligations japonaises à dix ans étaient alors soumises à un taux d'intérêt de 1,09%, contre 5,76% pour les obligations italiennes.
A l'époque, l'économiste admettait ne pas avoir "la réponse complète". Il l'a manifestement trouvée aujourd'hui. Dans un éditorial également publié par le New York Times, Paul Krugman prédit la fin prochaine de l'euro et en tire quelques conclusions. Pour lui, il ne faut y voir ni la preuve de l'échec de l'État providence ni celle de la nécessité de s'imposer des restrictions budgétaires.
Si l'Italie ou l'Espagne rencontrent aujourd'hui de telles difficultés économiques - dont les sommets atteints par le taux d'intérêt de leur dette sont le symbole - c'est qu'en adoptant l'euro, les deux pays ont abdiqué tout pouvoir en matière de politique monétaire. Or, pour Krugman, c'est précisément ce critère qui détermine le taux d'intérêt appliqué aux obligations d'un pays.
"Dans les faits, l'Espagne et l'Italie se sont réduites au rang de pays du tiers monde, qui doivent emprunter dans une monnaie qui n'est pas la leur. Plus précisément, parce que les pays européens ne peuvent pas imprimer leur propre monnaie, même en cas d'urgence, ils rencontrent des difficultés de financement que les nations qui ont conservé leur propre devise ne connaissent - avec les résultats que nous voyons maintenant", écrit-il. En d'autres termes, si aujourd’hui l'intérêt de la dette japonaise s’élève à 1% seulement, contre 7% pour l'Italie, c'est parce que le Japon dispose de sa propre monnaie et des moyens de l'utiliser à sa guise pour soutenir son économie.
Si cette théorie a le mérite de venir contredire l’orthodoxie économique, qui préconise actuellement une rigueur à toute épreuve, elle n'est pas nouvelle, fait remarquer Cullen Roche pour le blog Pragmatic Capitalism. En 1992, Wynne Godley, tenant de la Modern Money Theory, prédisait ainsi : "Si un gouvernement n'a pas sa propre banque centrale pouvant lui signer directement des chèques, il ne peut financer ses dépenses qu'en empruntant sur les marchés, de la même manière que les entreprises, ce qui est sinon impossible, ou du moins très cher, particulièrement dans des conditions d'urgence extrême. Les contraintes budgétaires qui s'appliquent sur chaque gouvernement pourraient alors pousser l'Europe dans une spirale désinflationniste, puis dans une véritable crise".


samedi 12 novembre 2011

Réunion départementale

La prochaine réunion départementale des adhérents val de marnais de Debout la République aura lieu le mardi 15 novembre. Une rencontre ouverte à tous sera programmée ultérieurement

Equipe DLR 94

dimanche 6 novembre 2011

Candidature à l'élection présidentielle: la nouvelle erreur de Chevènement

Jean-Pierre Chevènement, personnalité estimée à Debout la République qui compte en son sein nombre d’anciens responsables Chevènementistes, a récemment annoncé se porter candidat pour 2012 afin de peser sur la gauche et faire bouger les lignes. Une démarche qui laisse songeur le Délégué National de Debout les Jeunes, Patrick Chambers, qui considère cette candidature comme une "erreur" de la part de l’ancien ministre et actuel sénateur français.
Candidature à l’élection présidentielle : la nouvelle erreur de Jean-Pierre Chevènement
Ainsi, Jean-Pierre Chevènement se lance dans la campagne présidentielle. Ne vous méprenez pas : c’est un homme de qualité, intelligent, cultivé, patriote, pour lequel j’ai le plus grand respect puisque je l’ai soutenu dans le passé.
Son dernier livre "La France est-elle finie ?" est d’ailleurs un ouvrage que je recommande à tous vivement. Et pourtant, je ne peux que regretter sa candidature, qui fait de facto un tort à la France, ce pays qu’il aime sincèrement. "L’enfer est pavé de bonnes intentions" dit-on… A n’en pas douter, la candidature de Jean-Pierre chevènement est pavée d’une erreur rédhibitoire.
Pourquoi cette candidature est-elle une erreur ? Et bien tout simplement parce que le projet que défend Chevènement est déjà porté politiquement et médiatiquement par un autre candidat qui commence à grandir : Nicolas Dupont-Aignan. Peut-être existe-t-il entre ces deux hommes quelques points de divergences sur l’accessoire, mais ne nous y trompons pas : la relocalisation de nos industries, la lutte contre la concurrence déloyale par la mise en place d’un protectionnisme européen sélectif, le refus d’un euro trop cher, le retour d’une Ecole Républicaine garantissant l’égalité des chances, la sauvegarde de nos services publics, la justice sociale, le maintien de nos capacités de Défense Nationale… toutes ces belles idées, mises en pièces par les politiques menées par la gauche et la droite libérales-mondialistes depuis des décennies, sont déjà défendues avec force et courage par Nicolas Dupont-Aignan.
Par définition, une deuxième candidature – qui plus est plus marquée politiquement car bienveillante à l’égard du PS – avec un projet si proche de celui du président de Debout la République ne pourra que diviser le camp des patriotes, alors que tout l’héritage du gaullisme nous apprend qu’il n’est de salut que dans l’union et le rassemblement de tous les français.
La candidature de Jean-Pierre Chevènement affaiblit donc les idées auxquels il croit pourtant sincèrement.
En outre, il évident que ce rassemblement dont la France a tant besoin ne peut se faire que derrière Nicolas Dupont-Aignan. Je vois au moins une raison fondamentale à cela : il s’agit de l’indépendance !
L’indépendance notamment vis-à-vis des forces de régression que sont l’UMP et le PS. Nicolas Dupont-Aignan et son mouvement Debout la République se sont dégagés dès 2007 de toutes les tutelles des partis qui ne défendent plus l’intérêt général. Ne comptez pas sur lui pour lancer en 2012 des appels à un vote qui serait contraire aux idéaux que nous défendons ! Or, M. Chevènement lui, régulièrement ministre de gouvernements "socialistes" depuis 1981, semble croire depuis plus de trois décennies qu’il est utile de se mettre systématiquement à la remorque du PS, avec comme alibi celui de le faire changer "de l’intérieur".
En pratique, M. Chevènement a toujours soutenu en dernier ressort les "socialistes" – y compris contre le camp patriotique - et il appelle encore aujourd’hui à faire gagner "la gauche". En fait, Jean-Pierre Chevènement est dépassé par la recomposition politique qui s’ouvre, et il semble toujours prisonnier d’un schéma gauche/droite obsolète à l’heure de la mondialisation : avec pour preuve la campagne du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, le vote des plans successifs d’aide financière aux banques (et non pas à la Grèce) de ces derniers mois, ou le consensus UMP/PS sur la "rigueur" prétendument "nécessaire". Tout le monde sait que M. Chevènement appellera à voter pour le candidat PS au second tour de l’élection présidentielle. Et tout le monde sait qu’un président issu du Parti Socialiste arrivant au pouvoir trahira instantanément tout ce en quoi M. Chevènement croit au profit de la mondialisation et de l’Europe fédérale que défend François Hollande. Voilà le paradoxe de cette candidature. Voilà son inutilité.
En résumé, M. Chevènement totalise plus de trente années de vie politique marquées par des prises de position très justes, des analyses pertinentes… mais avec peu de résultat. Trente années d’échec, de la part d’un homme pour qui j’ai le plus grand respect. Mais qui se révèle malheureusement un mauvais stratège politique.

Patrick Chambers

L’urgence de résister.

Les évènements de ces 10 derniers jours donnent le tournis .
  Nous avons eu en entrée la tragi- comédie du sommet de Bruxelles au cours duquel Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont allés négocier dans la nuit avec les banquiers . Ces derniers ont certes accepté de renoncer à une partie du remboursement des prêts accordés à la Grèce (abandon qui ne leur coûtera rien grâce au mécanisme d’assurance des CDS – credit default swap), mais sous condition de recapitalisation par les Etats, et en continuant  à verser des bonus extravagants, sans séparer banques de détails et banques d’investissement . Nicolas Sarkozy a d’ailleurs avoué lors de sa lugubre prestation télévisée que les activités de dépôt devaient partager les risques des activités casino, les épargnants apprécieront. Ce sera à n’en pas douter les contribuables qui règleront la facture, l’envolée boursière du lendemain en est d’ailleurs la meilleure preuve
Encore plus grave est d’accepter de sauver l’Euro en faisant appel aux pays émergés (l’Europe étant en voie d’immersion), Chine en tête. ? Il est facile à  la Chine, qui a compris, elle, sous la direction du PCC (Parti Capitaliste Chinois), les véritables ressorts du capitalisme et du développement, qui profite d’une monnaie qu’elle peut maintenir sous-évaluée grâce aux réserves de change qu’elle a accumulées, assortie d’un dumping social et environnemental de voler au secours d’une Europe en voie de désindustrialisation. Selon les règles classiques de la stratégie chinoise définies il y a plus de deux millénaires par Sun Tzu, on ne gagne jamais sur un seul tableau et le bon général est celui qui triomphe sans livrer bataille : La Chine va engranger encore plus de créances en euros qui vont lui permettre de maintenir le Yuan sous-évalué, de profiter de l’euro fort pour écouler sa production sur les marchés européens afin d'achever de casser l’infrastructure industrielle de l’Europe, pour finir par ramasser la mise en rachetant à bas prix ce qu’il nous reste d’entreprises. Qui serait assez stupide pour ne pas s’inquiéter des contreparties qu’exigera l’Empire du Milieu afin d’inonder toujours plus le vieux continent de ses marchandises ? Là aussi les explications de notre Président relèvent d’une naïveté confondante.
Mais voici que quelques jours à peine après qu’on nous ait annoncé une fois de plus que l’Euro, l’Europe et le Monde entier étaient sauvés de la catastrophe ultime le premier ministre grec George Papandréou annonce qu’il va consulter son peuple par référendum, gâchant la mise en scène annoncée du G20. Crime le lèse Merkozy ! Consternation ! Il est vrai que Nicolas Sarkozy se méfie des référendums, le  rejet du TCE  (Traité Constitutionnel Européen) en 2005 l’ayant obligé à des contorsions pour le faire revenir par la fenêtre lisboète. Peu importe que les Grecs soient au bord de la révolte sociale, leur Premier ministre fut convoqué tel un chenapan et  sommé de poser la bonne question pour que le peuple effrayé réponde le OUI obligatoire en Europie. Le sursaut de fierté fut de courte durée, George Papandréou a renoncé au référendum, ne laissant à ses concitoyens que la rue pour exprimer leur désarroi.
Les masques tombent un par un. « L’Europe de la paix et du progrès social » se révèle être désormais un monstre froid technocratique et dictatorial. Pour sauver une monnaie unique délétère et moribonde les gouvernants nous promettent une meilleure gouvernance dont le prix à payer sera des abandons de souveraineté comme l’a avoué François Fillon, doux euphémisme pour mal cacher une dictature. Dictature, oui ,puisqu’une instance hors sol non élue et intouchable juridiquement pourra alors prélever l’impôt. Et ne comptons pas sur ce qu’on nomme encore à tort l’opposition socialiste, la déclaration commune de François Hollande et de Martine Aubry à l’annonce du référendum grec méritant un prix de la meilleure langue de bois, suivi du silence assourdissant pendant le G20 du candidat investi.
Il est maintenant urgent de résister à l’engrenage annoncé. Le plan de rigueur que le premier ministre nous annoncera lundi ne sera que le prélude à d’autres, rigueur qui nous amènera dans le cercle vicieux de la récession, rigueur inutile, rigueur pour sauver une monnaie qui tue notre économie à petit feu. Il est urgent de reprendre en main notre destin, de mettre en place un euro-franc (monnaie commune du type ECU) et d’abroger la loi de 1973 qui nous oblige à emprunter  sur les marchés financiers et bloque ainsi nos investissements indispensables pour l’avenir. Urgent de redevenir une Nation libre qui coopère avec ses voisins européens dans l’intérêt des peuples. Urgent de se protéger par un protectionnisme intelligent pour relocaliser nos industries. Urgent de donner un avenir à nos enfants qui ne soit pas celui d’esclaves.

Anne GINIEIS/ Claude ROCHET