vendredi 25 novembre 2011

Réponse à la tribune de Mme Benbassa, sénatrice Europe Ecologie-Les Verts du Val-de-Marne, et de Noël Mamère

Mme Benbassa,

En tant que Val-de-Marnais, je tiens à vous faire part de ma grande déception en lisant aujourd'hui votre tribune"Instaurons le droit de vote des immigrés!" publiée dans le quotidien Le Monde. Vous y défendez le projet de loi instaurant un droit de vote aux élections locales pour les résidents étrangers non ressortissants d'un pays de l'UE. (Quelles élections locales? Votre tribune n'est d'ailleurs pas très précise sur le périmètre de ce projet de loi…)

Cette prise de position est parfaitement défendable. J'entends vos arguments, et je respecte vos opinions, même si je ne les partage pas. Je ne tiens pas ici à débattre de cette proposition de loi, mais plutôt de certains passages de votre texte qui m'ont déplus.

Je suis détenteur d'une double nationalité, et, n'en déplaise à Mme Le Pen et M. Mariani, je me sens pleinement français. Mon père, étranger ressortissant d'un pays de l'UE, vivant en France depuis plus de 20 ans, peut en effet depuis 2001 voter aux élections municipales. Et je trouve cela profondément anormal. Pour faire vite, car ce n'est pas le sujet, je pense que le droit de vote, quelque soit l'élection, est un droit exclusif du citoyen, et n'est citoyen français que celui qui a la nationalité française.

Nous ne sommes donc pas d'accord sur ce sujet, soit. Chacun bénéficie de sa liberté d'opinion, non?

Pourtant dans votre article, après un passage sur la droite qui s'oppose à ce droit de vote, vous affirmez: "Et pourtant, (…) nos droites se trompent en imaginant nos concitoyens plus xénophobes qu'ils ne sont." Ainsi, ce ne serait que par xénophobie que certains français s'opposent au droit de vote des étrangers? Moi, dont la moitié de la famille est étrangère, je serais xénophobe?

Vous poursuivez: "L'octroi de ce droit (…) est sacrifié par la droite sur l'autel d'un nationalisme d'un autre temps." Me voilà donc nationaliste et ringard!

Vous poursuivez: "C'est en vain, nous l'espérons, que nos droites chauvines tentent de relancer leurs vieilles rengaines au parfum de terroir (…)" Curieuse idée que d'associer les notions de xénophobie, de nationalisme et le "parfum de terroir"? Les deux premières m'inspirent le dégoût, mais le "parfum de terroir", moi cela m'évoque personnellement des souvenirs d'enfance, les visites dans les fermes, la cueillette aux champignons, la cuisine traditionnelle avec des produits de saison… Je ne vois décidément pas le rapport. Aimer sa région, son département, son "terroir", c'est être xénophobe, madame la sénatrice?

Vous concluez: "Il serait choquant que ce projet ne réunisse pas, au-delà de la gauche et du centre, une bonne partie des suffrages de la droite républicaine." Ainsi il serait "choquant" que des députés osent ne pas être d'accord avec vous?

Voilà ce qui m'a blessé madame. Vos idées et votre combat pour défendre cette cause en laquelle vous croyez sont, je le répète, parfaitement estimables. Mais "être choqué" par des gens qui ont le malheur de pas penser comme vous, mépriser ces gens, les dénigrer en les traitant de xénophobes et de nationalistes, cela ne grandit ni vous-même, ni la cause que vous défendez. Nier l'existence de xénophobie dans notre pays est ridicule, qualifier toute opinion divergente de xénophobe est dangereux.

Je vous souhaite sincèrement, madame, de pouvoir un jour ne serait-ce qu'entrevoir l'hypothèse qu'il existe, peut-être, des hommes et des femmes dignes de respect qui ne partagent pas vos opinions.

Veuillez agréer, Madame Benbassa, l'expression de mes sentiments distingués.

Patrick Chambers

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